Alors que 2024 touche à sa fin, le moment est propice pour explorer quelques thèmes clés qui ont émergé du travail effectué par le réseau LC3 au pays, qui reflètent ce qui doit être fait pour que les villes réussissent leur transition vers un avenir net zéro d’ici 2050 : favoriser une économie durable à faible émission de carbone et améliorer le bien-être des collectivités.
Promouvoir l’action climatique est une bonne stratégie économique
Des villes comme Vancouver, Winnipeg et Montréal tirent déjà parti de l’action climatique pour stimuler leur croissance économique. Grâce à l’adoption d’approches de développement économique éprouvées – telles que les stratégies industrielles, le développement de la main-d’œuvre locale, l’attraction des investissements et le développement économique vert fondé sur des cadres stratégiques – elles répondent à la demande locale et mondiale de biens et de services qui soutiennent l’abandon des combustibles fossiles et la transition vers une économie nette zéro.
L’amélioration de la performance énergétique des bâtiments est un puissant moteur de l’économie verte, car elle permet de redéfinir avantageusement les conditions de vie et de travail des personnes et des entreprises. Des politiques telles que la norme verte et les normes de performance en matière d’émissions des bâtiments de la Ville de Toronto créent des conditions de marché plus sûres qui font miroiter des possibilités économiques pour les innovateurs et les entrepreneurs dans les domaines de la technologie, de l’immobilier et de la construction. Ce leadership en matière de construction écologique engendre des opportunités économiques pour les industries locales de la construction et de la rénovation, à mesure que d’autres villes ou régions rattrapent leur retard.
À Vancouver, l’économie verte est en plein essor. Une analyse publiée en juin 2024 montre que l’agglomération de Vancouver compte plus de 185 000 emplois verts. La construction constitue le plus grand employeur vert de la région, avec plus de 40 000 emplois dans ce seul secteur. La nouvelle équipe de développement économique du ZEIC (Zero Emissions Innovation Centre) a soutenu cette étude et s’en inspirera pour élaborer d’autres travaux de recherche et programmes visant à améliorer la sphère du développement économique vert.
La voie vers un avenir prospère à faibles émissions de carbone a également été le sujet abordé lors du Sommet d’Ottawa sur les opportunités en matière d’économie du climat, une journée de discussion tenue par le Fonds d’action climatique d’Ottawa en octobre. L’événement s’est amorcé sur un constat commun : la meilleure façon de résoudre les crises du climat et du logement à Ottawa est de les affronter toutes les deux simultanément. On y a d’abord abordé les principales priorités économiques de la Ville : revitalisation du centre-ville, logement abordable, emplois du 21e siècle et secteur technologique florissant et en constante croissance. Les discussions se sont concentrées sur cinq domaines d’action, chacun d’entre eux offrant des possibilités intéressantes de développement commercial, d’emplois et de coopération plus large pour réduire la pollution par le carbone, augmenter l’offre de logements abordables et aider les entreprises et les résidents à se préparer aux impacts locaux des changements climatiques.
Soutenir des secteurs ciblés de l’économie de la rénovation énergétique
Le Climate Innovation Fund (CIF) de l’Alberta Ecotrust Foundation, en partenariat avec Kambo Energy Group et les villes de Calgary et d’Edmonton, se concentre sur les rénovations permettant de lutter contre la pauvreté énergétique. Le programme d’améliorations énergétiques résidentielles du CIF, financé à hauteur de 200 000 dollars, s’attaque à l’accessibilité de l’énergie en offrant aux ménages admissibles à faible revenu une formation gratuite sur l’efficacité énergétique ainsi que la rénovation de leur logement. Les travaux réalisés améliorent l’efficacité, le confort et la sécurité de l’habitation des participants et réduisent les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur résidentiel. L’aide est fournie en fonction des besoins particuliers de chaque ménage et peut inclure l’installation de chaudières à haut rendement ou l’amélioration de l’étanchéité à l’air et de l’isolation, entre autres.
Depuis son lancement en 2023, le programme a aidé 133 ménages à Edmonton et 105 à Calgary. Les propriétaires bénéficient de réductions des dépenses d’énergie, associées à une réduction moyenne des émissions estimée à 2,0 t éq. CO2 par foyer et par an.
« Le programme d’améliorations énergétiques résidentielles est un excellent exemple de la manière dont nous pouvons améliorer l’abordabilité pour les propriétaires tout en atténuant les changements climatiques, a déclaré Mike Mellross, vice-président de l’Alberta Ecotrust Foundation. Nous savons que la province a grand besoin d’un programme de collaboration de cette nature et nous recherchons des possibilités d’élargir la portée de ce programme à un plus grand nombre de maisons grâce à un soutien financier supplémentaire. »
Alberta Ecotrust s’investit dans la réduction des émissions provenant du parc immobilier, qui représente de 40 à 60 % des émissions rien qu’à Calgary et Edmonton. Son programme d’accélération des rénovations, lancé récemment, offre des services d’accompagnement gratuits pour guider les propriétaires de grands bâtiments dans la rénovation en profondeur de leurs propriétés, afin de réduire les émissions, la consommation d’énergie et les coûts d’exploitation. En 2024, son initiative de collaboration ENBIX (Emissions-Neutral Building Information Exchange), qui amène les principaux acteurs de l’industrie à partager des connaissances et soutient le renforcement des capacités et les pratiques de construction et de rénovation en Alberta, a étendu ses services au-delà de Calgary et d’Edmonton pour aider les centres urbains plus petits et les collectivités rurales de l’Alberta.
Caption: Lancement de l’Alberta Ecotrust Retrofit Accelerator
À Montréal, une deuxième année d’activité s’est déroulée en 2024 et s’est concentrée sur MultiRés, un programme de rénovation visant à décarboner les immeubles résidentiels à logements multiples dans la région métropolitaine de Montréal. La Ville de Montréal et la province de Québec ont commencé à adopter des règlements qui obligeront les propriétaires d’immeubles à utiliser le chauffage électrique des locaux et de l’eau. L’objectif initial est d’éliminer le mazout des bâtiments, mais le gaz naturel sera également visé dans le cadre du mandat général de décarbonation du secteur du bâtiment. En réponse, le Fonds Climat du Grand Montréal (FCGM) et son partenaire Efficiency Capital (EC) lanceront un programme de rénovation clé en main entièrement financé pour décarboner les immeubles résidentiels à logements multiples (IRLM) dans les 82 municipalités de la région métropolitaine de Montréal. La phase pilote du programme a démarré en 2024 avec trois propriétaires et six bâtiments aux profils différents.
En juillet 2024, The Atmospheric Fund et Toronto Community Housing (TCHC) ont donné le coup d’envoi d’un projet de rénovation en profondeur et à mesures multiples dans un complexe de maisons en rangée situé à North York et abritant environ 175 familles. Le projet de rénovation vise à réduire de 50 % la consommation d’énergie et les émissions de carbone. Ces améliorations favoriseront un environnement intérieur plus sain et plus confortable pour les familles, tandis que les mesures de résilience protégeront les résidents de la chaleur estivale de plus en plus extrême de Toronto. La rénovation devrait permettre à la TCHC d’économiser plus de 5 millions de dollars en coûts de services publics sur une période de 20 ans et de créer de nombreuses possibilités locales d’emploi. Ces emplois locaux seront coordonnés et pourvus par Building Up, une entreprise sociale et partenaire du TAF, dont la main-d’œuvre soutiendra le projet en installant des éclairages à DEL, en effectuant des travaux de peinture et en fournissant de la main-d’œuvre générale sur place.
Des travaux de construction sont en cours pour installer des thermopompes bibloc efficaces, des plinthes et des commandes intelligentes, des systèmes de ventilation, un éclairage à DEL et des dispositifs d’économie d’eau. Une deuxième phase permettra de convertir le chauffage de l’eau au gaz en chauffage électrique et d’éliminer la combustion de gaz dans le complexe.
Dans l’agglomération de Vancouver, le ZEIC veille à ce que les meilleures recommandations en matière de rénovation énergétique soient mises à la disposition des conseils de copropriété qui souhaitent apporter des améliorations climatiques et énergétiques à leurs bâtiments. « Dans toute la Colombie-Britannique, les résidents des copropriétés demandent un meilleur refroidissement et une meilleure ventilation, ainsi que des maisons moins énergivores, explique Melina Scholefield, directrice générale du ZEIC. Des solutions telles que les thermopompes, les chauffe-eau électriques et les systèmes de production décentralisée d’énergie renouvelable peuvent répondre à ces besoins tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Cependant, de nombreux conseils de copropriété ne savent pas par où commencer, et c’est là qu’intervient le conseiller en énergie pour les copropriétés ». Le programme Strata Energy Advisor fournira des conseils pratiques aux conseils de copropriété, du début à la fin. Il s’agit notamment d’identifier les possibilités d’amélioration pouvant correspondre aux principaux renouvellements d’immobilisations, de s’y retrouver dans les diverses options technologiques et financières et de soutenir la mise en œuvre des travaux.
Rendre l’utilisation des véhicules électriques plus accessible
Alors que la révolution engendrée par les véhicules électriques (VE) se poursuit, nous tenons à nous assurer que personne n’est laissé pour compte. Le gouvernement du Canada a récemment établi une norme selon laquelle d’ici à 2035 tous les nouveaux véhicules de tourisme vendus devront être non polluants. Cette norme entraînera une augmentation exponentielle de la demande de VE et de bornes de recharge au cours des prochaines décennies.
La recharge à domicile est l’option la plus abordable et la plus pratique pour la plupart des propriétaires de VE. Pourtant, alors qu’un tiers de la population canadienne vit dans des immeubles collectifs, seule une fraction des citoyens dispose d’un accès à une borne de recharge. Cela est dû à une série d’embûches, notamment de nombreux obstacles à l’investissement, l’absence de programmes d’incitation, des processus d’approbation internes complexes et un manque de sensibilisation à l’augmentation prochaine de la demande de recharge des VE.
Un rapport du réseau LC3 publié en 2024 décrit comment les décideurs canadiens peuvent soutenir la rénovation d’immeubles multilogements à l’avenir et veiller à ce que tous les résidents puissent accéder à une borne de recharge à domicile. Il présente 16 recommandations relatives aux politiques, aux incitations, au financement et au renforcement des capacités qui visent à accélérer la réalisation de l’ensemble des rénovations nécessaires au lieu de s’en tenir à une approche progressive.
Sur le même thème de l’accessibilité de l’utilisation des véhicules électriques, le HCi3 (Halifax Climate Investment, Innovation and Impact Fund) a accordé une subvention de 75 000 $ en 2024 à l’organisme Communauto pour s’assurer que ce service d’autopartage puisse fournir des options de recharge conséquentes et fiables à ses membres alors qu’il poursuit l’électrification de son parc de véhicules.
Perspectives pour 2025
Avec plus de 200 projets soutenus par le réseau LC3, il y a beaucoup d’activités à surveiller et sur lesquelles il faut se pencher. Et nous ne faisons que commencer à explorer les moyens par lesquels l’action climatique urbaine – positionnée pour un accroissement d’échelle et l’obtention de résultats équitables – stimulera l’économie de l’avenir. Restez à l’écoute pour découvrir d’autres avancées locales en matière de climat, d’équité et d’économie en 2025.